Un voyage musical dans l’Angleterre (post-) élisabéthaine au moment de la transition entre la Renaissance et le début de la période baroque : chansons de consort, fantaisies et danses de William Byrd et de ses successeurs dans des interprétations colorées du Boreas Quartett Bremen, du Hathor Consort et des sopranos Dorothee Mields et Magdalene Harer.

William Byrd | Henry Lawes | Thomas Campion | Robert Johnson | Thomas Tomkins | Thomas Simpson | Orlando Gibbons

John Coprario s’est-il approprié le travail d’un autre lorsque, sous son propre nom, il a transcrit plus de cinquante madrigaux italiens pour un consort de violes ? Une telle accusation reposerait sur des prémisses erronées, car tout ce qui ressemble à un droit d’auteur était inconnu au début du XVIIe siècle et pendant longtemps encore ; l’utilisation de matériel musical par quelqu’un d’autre était plutôt considérée comme un traitement respectueux d’idées si prometteuses que l’on souhaitait y réfléchir plus en profondeur. En transcrivant ces madrigaux italiens, Coprario n’a pas seulement prolongé une tradition établie, il l’a aussi transcendée. Dans ses fantaisies madrigalesques, il ne s’est pas contenté d’omettre le texte, comme il était d’usage au XVIe siècle, mais il a poussé encore plus loin la mise en scène polyphonique, en l’enrichissant de possibilités instrumentales que les voix seules ne pouvaient égaler. Il a également réarrangé certaines parties, de sorte que l’œuvre vocale originale ne soit pas toujours immédiatement reconnaissable. Coprario, en plus d’être l’un des premiers à donner à la musique d’ensemble une identité instrumentale, n’était pas un perroquet musical, mais un parodiste ingénieux.

Date de sortie : 2 septembre 2022
Durée : 55 min

Le dhrupad est le genre le plus ancien et le plus pur de la musique classique de l’Inde du Nord. Ses origines remontent à la récitation de textes sanskrits dans les temples hindous, il y a plus de deux mille ans. Le dhrupad a atteint les cours mogholes du Rajasthan au XVIe siècle, où il s’est développé pour devenir une forme d’art classique. Dhrupad Fantasia est une rencontre entre la musique de cour de la reine Élisabeth I d’Angleterre et celle de l’empereur moghol Akbar le Grand ; les deux monarques ont régné de 1550 à 1600 environ. Romina Lischka a créé une merveilleuse fantaisie dans laquelle la modalité des ragas indiens se mêle à la polyphonie de l’Angleterre d’Élisabeth Ire. Elle, le Hathor Consort et le chanteur de dhrupad Uday Bhawalkar ont créé un monde imaginaire en combinant des improvisations basées sur des ragas modaux et de la musique instrumentale polyphonique, tous deux issus de la musique d’art des cours susmentionnées.

Date de sortie : 18 février 2022
Durée : 78 min

Jean-Sébastien Bach nous a laissé trois sonates pour viole de gambe et clavecin. Il a réalisé plusieurs transcriptions de la sonate pour viole de gambe en sol majeur, dont une transcription du dernier mouvement en sonate en trio pour orgue. Plusieurs mouvements des six sonates en trio pour orgue sont également des reprises de matériaux composés précédemment dans ses cantates, ses œuvres pour orgue et ses œuvres de chambre. Cette pratique a inspiré le programme Bach for Two de Romina Lischka et Marnix De Cat, dans lequel ils ont réuni les plus belles combinaisons de viole de gambe et d’orgue dans des versions originales et arrangées des préludes de chorals et des trios de Bach. Bach est un maître de la tête et du cœur. Avec le texte et la mélodie comme point de départ, il a créé de petits mondes musicaux dans ses préludes de chorals pour orgue et emmène l’auditeur dans les voyages intérieurs les plus variés. Connaître la joie musicale, trouver la paix intérieure à travers toutes les émotions possibles, être réconforté dans sa recherche ou sa peine, être ému au plus profond de son être, tel est l’art de Bach, le magicien du son.

Date de sortie : 1er octobre 2021
Durée : 76 min

Königsberg, en Prusse orientale (aujourd’hui Kaliningrad, en Russie), a été un rare havre de paix pendant la guerre de Trente Ans grâce à sa situation géographique. De nombreuses personnes, dont des artistes et des musiciens, y ont fui les horreurs de la peste et de la guerre. Heinrich Albert, élève de Heinrich Schütz (son cousin) et Johann Hermann Schein, Thomaskantor à Leipzig, est nommé organiste de la cathédrale de la ville en 1630. Sa cabane de jardin, envahie par les vignes de citrouille et surnommée à juste titre la « cabane aux citrouilles » (Kürbishütte ), devient le lieu de rencontre du Cercle des poètes de Königsberg : un refuge et un espace de création avant-gardiste, épargné par l’implication directe dans la guerre.
Cinq tableaux musicaux, décrivant différentes étapes de la guerre, emmènent l’auditeur dans un voyage émotionnel et reflètent les émotions quotidiennes des gens de l’époque : l’espoir, la peur, l’aspiration à la paix, mais aussi le désespoir et la lutte avec la foi face à la dévastation de la guerre.

Depuis ma première rencontre avec le Hathor Consort, il m’est apparu évident que la sonorité de la viole de gambe complète merveilleusement bien le style harmonique et mélodique de mes compositions, et ce avec le plus grand naturel. Les pièces d’Aries Point ne réunissent donc pas seulement deux époques musicales, mais donnent également à la couleur sonore de la viole de gambe une place centrale en tant qu’élément clé de la composition. Son timbre unique influence le processus de composition et d’improvisation et résonne dans un contexte musical totalement nouveau. Son intensité subtile fait ressortir des textures qui, à leur tour, inspirent les musiciens de jazz à adopter de nouvelles formes d’expression mélodique et sonore au cours de leurs improvisations.
Dans le jazz, le processus d’improvisation pourrait également être appelé « composition instantanée ». L’élément central est la variation des thèmes et l’interaction entre les musiciens. Dans la composition également, la variation répétée des motifs – par des changements de tonalité, de rythme, d’ordre des notes – crée un matériau qui sert à tisser les mélodies et les harmonies de l’œuvre.
Avec le projet Aries Point, je souhaite faire découvrir à un plus large public la beauté et la diversité de l’improvisation, cette forme ancestrale qui est à la source de toute expression musicale.
– Bastian Stein

Date de sortie : 22 janvier 2021
Durée : 51min

Avec l’enregistrement en première mondiale d’un Stabat Mater redécouvert, une œuvre tardive du maître bohémien František Tůma, le Pluto-Ensemble et le Hathor Consort élargissent la discographie baroque avec une œuvre émotionnellement captivante. La version présentée ici, l’une des cinq mises en musique du texte de Tůma, a longtemps été oubliée dans la bibliothèque de l’abbaye d’Ottobeuren, jusqu’à ce que Marnix De Cat (directeur artistique du Pluto-Ensemble) redécouvre ce trésor. On l’entend ici avec le Requiem en fa mineur de H. I. F. Biber et des œuvres instrumentales de Biber, de son professeur J. H. Schmelzer et de son collègue salzbourgeois A. C. Clamer.

Animam gementem cano (« Je chante l’âme en peine » – les deux premiers mots citent le texte du Stabat Mater) nous emmène dans un voyage à travers plusieurs des moments les plus importants de la vie: nous sommes confrontés à la vie et à la mort, mais aussi à notre cheminement personnel vers la conscience. Le programme vise non seulement à réconforter « l’âme en peine captive » de tout être humain en chair et en os, mais aussi à offrir à tout mélomane curieux un voyage de découverte.

Date de sortie : 4 septembre 2020
Durée : 61 min

La violiste et directrice du Hathor Consort, Romina Lischka, spécialiste de la musique européenne ancienne, et la chanteuse, danseuse, poète et actrice tunisienne Ghalia Benali, ambassadrice de la musique arabe, unissent leurs forces dans ce projet fascinant afin d’explorer l’intersection de leurs cultures musicales. En combinant, par exemple, la musique de Marin Marais avec des maqams arabes classiques sur la poésie arabe et avec des ragas Dhrupad indiens classiques, ils révèlent la vérité universelle de la musique et de la poésie de contextes culturels et historiques différents et saisissent leur esprit commun. Un dialogue qui fait voyager l’âme jusqu’à la première prière qui soit montée… Venant d’horizons totalement différents, l’expérience de Romina et de Ghalia en matière de terrain d’entente et de compréhension mutuelle souligne les éléments qui relient les différentes cultures – un message puissant à notre époque. L’harmonie qui émane de leur aventure musicale touche profondément les spectateurs de toutes les cultures, et elle est enfin enregistrée.

Demachy fait partie de ces compositeurs dont l’histoire nous parle peu. Il est pourtant l’une des figures de proue de la tradition française de la viole de gambe sous le règne de Louis XIV. Selon Jean Rousseau (Traité de la Viole, 1687), il aurait été l’élève de Nicolas Hotman (1610-1633), comme Sainte-Colombe (ca.1640-ca.1700).

Demachy a laissé un seul recueil de 8 suites pour viole seule : Pièces de Violle en Musique et en Tablature, differentes les unes des autres, et sur plusieurs Tons. Elles contiennent deux livres, et sont les premières qui jusqu’à présent aient paru un jour, publiées à Paris en 1685. Il s’agit d’un ouvrage important, puisqu’il s’agit de la première publication française à présenter des pièces pour viole seule, un an avant que Marais ne publie son premier livre.

Cet enregistrement présente deux suites en tablature (ré majeur et mineur) et deux autres en notation musicale normale (sol majeur et mineur), qui suivent la forme classique de la suite de danse française telle qu’elle existait vers la fin du XVIIe siècle.

Alfonso Ferrabosco le Jeune, joueur de viole à la cour d’Elizabeth I et de Charles I, fut le compositeur de musique de consort de violes le plus innovant et le plus influent de sa génération. Suivant les traces de son père, le compositeur Alfonso Ferrabosco l’Ancien, il a poursuivi la tradition spécifiquement anglaise de l' »In Nomine » pour consort de violes jusqu’au XVIIe siècle, tout en ajoutant sa propre touche dans l' »In Nomine through all parts » en utilisant le cantus firmus à toutes les voix avec des rythmes et des transpositions variés. Sa plus grande réussite fut le développement d’un contrepoint imitatif parfaitement adapté à la viole. Le caractère particulier de la musique de Ferrabosco est déterminé par son amour pour l’architecture et les formes symétriques, qui sont intégrées de toutes les manières possibles dans ses Fantaisies : motifs flexibles, augmentations et diminutions des thèmes et structure harmonique claire.

Date de sortie : 28 septembre 2018
Durée : 76min

Orphée et sa lyre : comment mieux se représenter le pouvoir de la musique ? Orphée pouvait faire pleurer les pierres, il a même ému de pitié les portes de la mort. La musique bouleverse le monde, les compositeurs de la Renaissance anglaise le savaient bien. Plus encore, la musique est l’âme du monde, une force unificatrice. Thomas Hobbs célèbre les multiples facettes de la musique dans les chansons de luth, notamment celles de T. Campion et de J. Danyel. Ce n’est pas seulement le luth qui accompagne le chant, mais aussi des instruments moins connus comme la lyra à gambe, la bandora, l’orpharion. Avec leurs cordes généreuses, ces instruments font entendre le son de la lyre magique d’Orphée.

La viole de gambe et le théorbe sont la noblesse des cordes : un duo artistique qui incarne le summum de la grandeur et de la sophistication. Le sentiment d’intimité qui peut naître entre les deux dans le répertoire baroque français est à l’origine de cet enregistrement. Bien que différents en apparence et en technique – l’un est à archet, l’autre à cordes pincées – les deux instruments ont plus en commun qu’il n’y paraît à première vue.

Mais l’heure de gloire de la viole de gambe, tant sur le plan de la composition que de l’interprétation, est sans conteste le fruit du travail d’un homme, Marin Marais (1656-1728). Il est bien sûr possible d’entendre des échos, dans le style excentrique d’interprétation et de composition de Marais, de son professeur bien-aimé et inspirant Sainte Colombe (c. 1658-1701), dont nous savons malheureusement très peu de choses sur la vie et la carrière. C’est toutefois Sainte Colombe qui a été à l’origine des innovations techniques nécessaires pour rendre possible l’interprétation expressive et virtuose en solo sur la basse de viole, par exemple en introduisant des cordes enroulées d’argent, qui produisent un son plus clairement défini. Il a également ajouté une corde de basse supplémentaire et modifié la technique de jeu pour permettre à la main gauche de bouger plus librement. L’envoûtante complainte instrumentale de Marin Marais, « Tombeau de Ste Colombe », est le testament durable d’un élève en l’honneur de son maître.

Le Hathor Consort a été fondé en 2011 par la gambiste autrichienne Romina Lischka. Cet ensemble basé à Bruxelles explore la musique de consort allant de la Renaissance à l’ère baroque, en utilisant diverses combinaisons instrumentales avec, comme point de départ, la viole de gambe. Le nom de l’ensemble vient de la déesse Hathor, divinité féminine de l’Égypte ancienne, qui incarnait l’amour, la joie et tout ce qui avait un lien avec le cœur. Pour ce premier enregistrement, l’ensemble a choisi une pièce de résistance du répertoire de consort : le recueil Lachrimae ou Seven Tears de John Dowland (1563- 1626). Les sept pavanes pour cinq violes et luth en constituent le noyau, chacune étant basée sur la chanson « Flow My Tears ». La musique de Dowland exprime souvent la mélancolie, et avec le titre de la pièce Semper Dowland, semper dolens (« Toujours Dowland, toujours souffrant »), contenue dans ce recueil, le compositeur lui-même souligne ouvertement cet aspect de sa musique.

Date de sortie : 21 avril 2014
Durée : 67 min